~~Texte premier

La solitude et la dé-solitude

Exilée ou insurgée de mon monde ?

Précipitée par mes pensées vagabondes, soumise aux égarements saisissants de l’heure présente. Je manque à mon devoir, mon sincère devoir ; recouvrer la lucidité du regard, celle où il est tourné, strictement ajusté sur l’intérieur. Mon intérieur. Ces dates où je m’abrite désespérément dans cette sagesse du déni, de l’imperméabilité aux activités, aux empressements sclérosés du monde déprimé, impropre à la vie.

Alors que tout un autre monde se lève en moi, je l’indiffère. Je m’indiffère. Et pourtant je me suggère souvent à cette dualité tyrannique : être en être ou être en autre.

Empêchée par cette contradiction, je m’associe au scandale des courants emportant, je me mets à l’amont et en descente vive, je me retrouve à l’aval ; l’endroit où l’absurdité et la sottise s’accaparent du propre de l’homme. L’ensemble du propre de l’homme. Il est alors conjecture et semblant. Il est tout sauf ce qu’il devrait réellement être.

La gageure était, la vile gageure fut : « je te heurte si tu te perds ». Oui. Perdue je suis au milieu d’aucuns qui se trompent à effrayer le monde.

Mais par moment, concis et harpagon, je m’établis en moi et je goûte au goût celé et rare de n’être en rencontre qu’avec soi-même. La noblesse entière de se mettre dans l’antre. Parvenir à mettre le regard extérieur en cécité et se délivrer des épuisantes négations. Sentir l’implosion heureuse du recueillement, se mettre en délectation de la grande solitude. Accueillir l’infusion des exordes gracieux de l’absence.

Par Soumia MEJTIA

Auteure chez Hugues Facorat édition.

La solitude et la dé-solitude/ Hugues Facorat éditeur.