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sans-maitre

Mendiante du rêve

15 Juin 2020 , Rédigé par Soumia Mejtia

Mendiante du rêve

Il faisait nuit chez Martin, il avait fait le rêve d’un grand éclair qui illuminerait l’ombre de ses silhouettes.

L’éclair vint en ennemi taire ce rêveur lunaire, Martin mordit sa langue, se pencha avec son regard fou et surprit le cri de la douce alouette.

Eut-il le temps de pleurer son utopie orpheline ou s’émerveilla-t-il de cette fin anodine,  qui le délivrera de cette misère qu’était devenu le monde ?

Il fait encore nuit chez nous Martin ! La lueur aurorale prit feu et bondit hors notre sphère, la lourde sphère des humains, la sphère vagabonde.

Pourrais-je vivre sans ce mal de vivre? Que ferais-je  d'un sourire béat?  Que ferais-je d’un bonheur sans un bonheur qui soit patient ?

Mon babil se livre moqueur, ma peine se rudoie et  m’échappe au moment d’une friction des tenues de main, de cet autre qui ignore tout de la plume et de sa passion.

Pourrais-je faire allusion à la fin de tout et forcément le début d’une toute autre chose ? Qui ne saurait pas  ablatir  ce resserrement  assidu qui m’étire le cœur ?

Le cœur ici palpite et parle d’un tout autre mal qu’un caprice d’amour, car je ne peux à chaque fois me détourner de ces rictus qui dévoilent tout,  hors le pan humain des valeurs.

Quel monde sourd !! A bon entendeur, l’auberge du bonheur qui servait du vin bleu aux petits et aux grands, l’auberge remplie d’éclats de rire dominicaux a perdu ses chevrons.

Aux regards fermés, à tout ce qui fut simple : comme allumer une allumette et souffler après, pour sentir ce parfum du brûlé qui lie l’homme à sa ficelle du levant.

Le pâtre a mastiqué son bâton en chemin du retour, le troupeau avançait droit, ne cillait plus, ne voulait plus de cet herbe qui sentait la terre.

 Toute la magie a disparu, en mode fabriqué et étriqué, mes délicieuses larmes ne me lénifient plus.

Je n’ai plus de rêve Martin, le tien t’a assassiné car tu ne pouvais pas le taire.

Je n’ai plus de rêve car je ne m’asseye plus dans l’ombre d’un arbre, je ne ramasse plus les brindilles pour les entendre craqueler, je ne donne plus mon souffle au trèfle.

Je porte les symptômes du malade imaginaire de Molière, ce malade est plus malade qu’imaginaire que l’était  le conte des fées et des elfes.

Je voudrais repartir dans le monde où le kaléidoscope montre encore des vrais mirages aux voyageurs du désert, aux rêveurs de la nuit.

Je prendrai la route avec seul bagage mon kaléidoscope à réelles chimères, mon cœur croirait aux allégories et je conterais les péripéties des rendez-vous fortuits.

 

J’aurais émis un rêve Martin, le champ de mes pensées abrite l’auberge du bonheur, les gens aux rictus ennemi ont disparu.

J’aurais rêvé d’un rêve où ma faiblesse ne me tue plus, où ma peau  intérieure ne serait plus cristalline et crue.


                                                              Sans Maître 

                                                             Chez Hugues Facorat 

                                                            Paru en Octobre 2014

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