Laisser-venir / Vouloir être dans l’inaliénable

Laisser-venir / Être dans l’inaliénable 

Découvrir : sortir de sous - c’est ainsi que je peux exprimer ce mot lors de mon voyage ici à Tanger. J’aimerai bien entendu ne pas lier mon sujet à ce qu’est Tanger, car je sais que partout ailleurs, nous pouvons être amenés à Dé-couvrir , à nous-dé-couvrir ou co-découvrir. 

Je ne m’emporte pas aussi dans un élan lexicologique, j’essaye juste de ne pas chercher mes mots., j’essaye d’être dans l’intuition du moment comme elle l’ est souvent Najoua El Hitmi.

Elle me dit avec sa fougue habituelle «  laisse venir , pourquoi tout le temps chercher à dire juste ?Tu es une femme et la grande richesse chez une femme est son intuition, ça lui a tout le temps réussi, sois dans l’intuition , laisse venir ! »

Ainsi pour elle , vouloir dire dans la justesse peut basculer dans le «  De justesse » , elle a peut-être raison? Mais je sais que le «  laisser-venir »éclôt dans le refus de refuser l’inconnu.

C’est la voie de Najoua, elle n'appréhende pas l’inconnu, elle est dans ce cheminement continu qui la pourvoie d’une diversité inimaginable. Elle même ne s’en doute pas, et j’ai vu cela dans ses multiples tableaux hier. 

Hier, Najoua et moi avions passé presque toute la journée dans son atelier perché au ciel de Tanger ( dernier étage ), espace bien plus métaphorique qu’il ne  l’est spatial. Najoua avait le pinceau et moi je regardais partout, ses premières toiles, ses récentes, ses sculptures , son monde tout en mouvement. Elle partait dans des envolées ondoyantes qu’on dirait que ces goélands qui planaient au dessus de la terrasse de son atelier, volaient pour elle, ou encore avec elle.

Je pensais, au moment où je l’aidais à emballer ses toiles, que j’étais  en train de vivre un moment exotique, dans la mesure  où je ne cherchais pas à comprendre pour faire venir à moi, je laissais venir en percevant le monde de Najoua comme un monde qui ouvre une altérité ,  un monde qui se meut dans  cette richesse qu’est la diversité. 

Najoua ne s’est pas tracée un cadre, ne le fera sans doute jamais ,  elle sort de l’uniformité et se donne toutes les chances de mouvoir dans la multiplicité. 

Quelle richesse est, que d’être en contact avec la différence ou même la divergence! De cette dernière , elle n’en a pas peur, elle a parmi ses atouts aussi : l’alternative, l’acceptation de l’échec qui pour elle, comme elle le dit si bien: «  il y a toujours une part de réussite dans l’échec. »

Najoua se réjouit dans sa diversité en la vivant dans sa créativité artistique, elle sait qu’il y a toujours une autre manière de voir, de sentir, de vivre ... vivre en laissant venir. 

Najoua El Hitmi véhicule l’écho de sa présence par sa seule envie de s’inventer continuellement, elle se met ainsi dans l’espoir que l’art a toujours su rendre au fil des siècles.

                                       Soumia Mejtia auteure